Poder popular !


“Merci du fond du cœur !… Viva Chávez !”
La femme qui s’exprime ainsi vient de recevoir des produits de première nécessité offerts par la UBE Andres Bello. Sous la conduite de Pedro, son président, cinq patrouilleurs ont parcouru le quartier La Candelaria, dans le centre de Caracas, distribuant nourriture aux plus nécessiteux.
De retour dans leur quartier général, nous retrouvons d’autres membres de l’Unité de Bataille Endogène. Ceux-là sont allés porter leur soutien à une professeur du lycée voisin injustement démise de ses fonctions. José Luis, lui, a tenu la permanence du local, renseignant les passants sur leurs préoccupations concernant la vie du quartier, sur les missions existantes, ou encore sur le cours de la vie politique vénézuélienne. Esmeralda, dans un coin, relit la loi générale sur les coopératives.
Ce qui ressemble à une association de quartier a une histoire plus profonde. Le premier rôles des UBE furent d’abord électoral.
Afin d’organiser la mobilisation pour le referendum révocatoire du 15 août dernier, fut mis en place le Commando Ayacucho, regroupement de partis dont la tâche était de superviser la campagne. Devant l échec patent de celui-ci, le président Chavez lança un appel à l’organisation populaire. Des centaines de milliers de citoyens vénézuéliens se sont engagés dans ces Unités de Batailles Electorales (UBE) regroupées au sein du Commando Maisanta.
Comme nous le dit José Luis, le coordinateur de l’organisation de la UBE Andres Bello : « Quand notre Président nous a appelés, nous avons immédiatement adhéré au Commando Maisanta. Nous sommes allés parler des avancées du processus bolivarien avec les personnes désireuses de faire partie de notre UBE, et comme ça nous avons pu compter sur une équipe qui allait vraiment s’impliquer dans la défense de Chavez. L’UBE Andres Bello a rapidement compté 33 patrouilles de douze personnes. »
La structure des UBE est divisée en plusieurs secteurs (organisation, logistique, administration,…) dont les responsables sont élus démocratiquement par les participants. Les patrouilles ont parcouru le quartier, maison par maison, pour s’assurer que tout le monde était inscrit sur les registres électoraux, et mener campagne en faveur de Hugo Chavez.
Au lendemain de la victoire au referendum, le Président appela à la continuation de cette formidable mobilisation populaire.
La transformation en Unité de Bataille Endogène.
« Toute ma vie j’ai lutté pour faire avancer les choses. Mais le cadre de notre UBE est exceptionnel. Chacun se mobilise et on apporte des solutions pour notre peuple » nous affirme Norma. Les structures construites durant la mobilisation pour le referendum ne se sont pas éteintes. Les UBE ont seulement changé de rôle. D’unités de bataille électorale, elles sont devenues Unités de Bataille Endogène. Leur mission est désormais de fédérer les initiatives au niveau du quartier, recueillir les doléances des habitants et y apporter une solution, assumer un rôle social comme la distribution de nourriture, la propreté ou la sécurité du lieu de vie commun…
Dans le fond du local de la UBE Andres Bello, deux salles sont réservées au déroulement des missions gouvernementales. L’une accueille en fin de journée les personnes désireuses d’apprendre à lire et à écrire dans le cadre de la Mission Robinsón. Dans l’autre se trouve un petit dispensaire où officie dans la matinée un médecin cubain du Plan Barrio Adentro.
« Les plans gouvernementaux ne sont qu’une partie de nos activités, explique Pedro, le président de la UBE Andres Bello, nous organisons aussi des ateliers d’écriture ou de réflexion politique et sociale, pour inventer d’autres moyens d’actions. Nous organisons des rencontres pour expliquer aux gens du quartier comment se créent et fonctionnent les coopératives ou les noyaux de développement endogène. Parce que, c’est le gouvernement qui les a proposés, c’est sûr, mais c’est au Peuple de s’en emparer. »
Un véritable Pouvoir Populaire
La naissance des UBE est emblématique de ce qui ce passe dans le Venezuela bolivarien. Le mouvement d’ampleur qui soutient le processus se passe en dehors des cadres traditionnels de la politique. La capacité de mobilisation des partis politiques reste bien en-deçà de la formidable organisation populaire. La faillite du Commando Ayacucho et son judicieux remplacement par le Commando Maisanta illustrent bien le rapport qu’ont les vénézuéliens aux modes d’actions politiques et à leurs structures.
Comme en témoigne Jamiles « Nous sommes autonomes, nous ne recevons des instructions d’aucun parti ou institution, seulement de notre Président. Après, cela n’empêche pas quelques collaborations. Mais le pouvoir populaire n’est assujetti à personne, c’est l’œuvre du Peuple. » Les signes d’acquiescement que provoque cette attestation parmi les différents membres de la UBE montrent bien que cette indépendance ne se négocie pas.
Toutes les personnes présentes prennent sur leur temps libre pour venir aider la communauté. Le travail qu’elles fournissent n’est pas rémunéré. Mais comme bien souvent, de ce travail bénévole surgit des résultats d’une importance capitale pour le quartier. Les UBE pallient alors la lenteur des ministères, dont les mesures macroscopiques mettent du temps à redescendre a chaque citoyen, impatient de voir son quotidien changer.
Ce nouvel espace politique est le produit de l’histoire vénézuélienne. L’accession de Chavez au pouvoir et la proximité qu’il a instaurée avec les organisations politico-sociales de base comme les UBE ont accéléré cette nouvelle forme de pouvoir politique populaire.
Rafael nous en tire un résumé émouvant : « Nous sommes une armée de bénévoles au service de notre pays, la République bolivarienne du Venezuela. Nous travaillons pour l’ honneur et pour la communauté. »
Au sortir du local de l’UBE Andres Bello, on m’invite à revenir le lendemain voir un spectacle de théâtre donné par des jeunes de la Candelaria. Au bas du carton de présentation est inscrit une phrase de Bolivar : « Hacer bien no cuesta nada y vale mucho ».
Bien faire les choses ne coûte rien et peut valoir beaucoup…