Le lien entre l’opposition vénézuélienne et les cartels colombiens

L’affaire commence en mars 2019, un mois après le show polico-médiatique de l’aide humanitaire, où les Etats-Unis et leur alliés prétendaient violer la souveraineté du Venezuela et tentaient désespérément de diviser les forces armées bolivariennes. Le 20 mars 2019, Roberto Marrero, chef de cabinet de Juan Guaido, et son garde du corps, Luis Paéz, étaient arrêtés par les forces de sécurité vénézuélienne. Au domicile du premier, les services vénézuéliens retrouvaient deux fusils d’assaut, une grenade, et des devises étrangères en liquide. 
Roberto Marrero lors de son arrestation 
L’analyse des données des téléphones portables de Roberto Marrero ainsi que celles contenues dans son ordinateur aboutira à l’arrestation, dans la ville vénézuélienne de Valencia, de Wilfredo Torres Gómez, alias Necocli, le chef du cartel narco-paramilitaire colombien Los Rastrojos. Le gouvernement bolivarien dénonçait alors, une nouvelle fois, les liens qui unissent un secteur important de l’opposition politique vénézuélienne aux narco-trafiquants colombiens. La presse internationale a souligné en choeur l’arrestation «arbitraire» de Marrero pour dénoncer une nouvelle vague de répression politique de la part du président Maduro. Curieusement, ces mêmes médias n’ont pas eu un mot pour informer leurs lecteurs ou téléspectateurs de l’arrestation de Necocli, pourtant recherché par Interpol, ni pour expliquer pourquoi l’arrestation du politicien vénézuélien avait permis celle du mafieux colombien. 
Le 26 juin 2019, le ministre de la Communication du gouvernement bolivarien, Jorge Rodriguez, dévoile des preuves de la préparation d’un coup d’Etat. Les preuves sont irréfutables. Il s’agit de vidéos prises par des militaires et des agents du renseignement vénézuélien infiltrés parmi les putschistes. Encore une fois, les rapports avec des groupes paramilitaires colombiens sont mis en lumière. Silence radio dans les médias occidentaux. Pourtant, les accointances entre les cartels narco-paramilitaires colombiens et un secteur non négligeable de l’opposition vénézuélienne sont un secret de polichinelle. Depuis, 2004, ils ont été dénoncés à maintes reprises par le gouvernement bolivarien
Vidéos montrant la planification du coup d’Etat
Le 12 septembre 2019, le directeur de l’ONG colombienne de défense des Droits de l’Homme Progresar, Wilfredo Cañizares, publie des photos de Juan Guaido avec plusieurs responsables du cartel paramilitaire Los Rastrojos, responsable du trafic de cocaïne, d’extorsions, de kidnapping, et de multiples assassinats, entre autres activités criminelles. Le député vénézuélien, soutenu par les Etats-Unis, par plusieurs pays de l’Union européenne, par ceux du Groupe de Lima apparaît tout sourire aux bras de Jhon Jairo Durán Contreras « alias Menor », et d’Albeiro Lobo Quintero, « alias Brother », deux des responsables de l’organisation criminelle. 


Ces photos ont été prises le 22 février 2019 lors du passage clandestin de Guaido en Colombie pour participer à la tentative d’invasion de son pays. Rappelons que Juan Guaido avait été interdit de sortie du territoire par la justice vénézuélienne en raison de sa participation centrale au coup d’Etat institutionnel visant à se substituer au président Maduro. 
En plus de la divulgation des photos, Mr Cañizares précise que son ONG détenait cette information dès le premier jour. En effet, plusieurs habitants de la zone frontalière avait dénoncé un couvre feu imposé par les paramilitaires dans la zone où Juan Guaido allait être transféré. Les habitants, malgré l’interdiction de sortir de chez eux, avait vu le politicien vénézuélien accompagné de ses gardes du corps narco-paramilitaires, et l’avaient rapporté à l’ONG colombienne. Les photos, qui corroborent les dires de Progresar, vont se répandre comme une trainée de poudre en Colombie. La police de Cúcuta, la ville frontalière, déclare qu’il ne s’agit pas d’un fake, et les médias colombiens s’emparent de l’affaire. En effet, selon Wilmar Carrizales, interviewé par Spuntik News, les Rastrojos contrôlent la zone frontalière autour de la ville colombienne de Puerto Santander depuis 2012. Ils surveillent et administrent tous les chemins clandestins pour passer d’un pays à l’autre. Il est impossible pour une personne n’appartenant pas au cartel de passer la frontière par cet endroit sans avoir obtenu préalablement l’autorisation du groupe paramilitaire. 


L’argument d’un «selfie innocent» répété en boucle par le système médiatique international ne tient pas une seule seconde. Malgré les éléments de langage divulgués par les communicants de Guaido, et repris par les médias internationaux, le doute n’est pas possible : il y a bien collusion. Qui plus est, sur une des photos, Albeiro Lobo Quintero, « alias Brother », porte une arme à la ceinture. Mais les révélations ne vont pas s’arrêter là.
Le chauffeur officiel de Guaido (voir la chemise) n’est autre que Jonathan Orlando Zambrano García, responsable du cartel colombien Los Rastrojos pour les kidnappings et la contrebande d’essence dans la zone frontalière de Boca de Grita 

Quelques jours plus tard, le 17 septembre 2019, de nouvelles photos de Juan Guaido dans les bras de membres du cartel narco-paramilitaire colombien Los Rastrojos vont être publiées. Elles ont été prises le même jour que les précédentes. Cette fois-ci, Guaido semble bien s’amuser avec Jonathan Orlando Zambrano García, alias ‘Patrón Pobre’, responsable des kidnappings et de la contrebande d’essence dans la zone frontalière de Boca de Grita. Sur les nouvelles photos, on le reconnaît, à sa chemise, conduisant la voiture de Guaido. Plus d’excuses possibles donc. Une autre photo montre Guaido bras dessus, bras dessous avec Argenis Vaca, alias « Vaquita », un des responsables des finances du groupe de narco-trafiquants, recherché pour meurtre et extorsion.

Alias Vaquita, recherché pour homicide, trafic de drogue, kidnapping, extorsion  
Dans une interview exclusive, il y a quelques mois, Freddy Bernal, préfet de la région vénézuélienne frontalière nous rappelait que « les paramilitaires colombiens jouent en Amérique latine le rôle que DAESH joue au Moyen Orient ».  

Entretemps, depuis la publication des premières photos, de mystérieux tueurs ont assassiné 4 membres de la famille de Jhon Jairo Durán Contreras, alias “el Menor”.
Si quelqu’un voulait faire taire un témoin gênant pour l’avenir politique (déjà très compromis) de Guaido, il ne s’y prendrait pas autrement. Reste à savoir qui est derrière ces assassinats.
Jhonathan Orlando Zambrano Garcia, responsable des kidnappings et de la contrebande d’essence dans la zone frontalière de Boca de Grita. Il est lié á d’autres membres du Parti politique politique de Leopoldo Lopez et Juan Guaido ; notamment, Sergio Vergaro et -tiens donc- Roberto Marrero (ex directeur de cabinet de Guaido). 

Le narco-paramilitaire n’est autre que le chauffeur officiel de Juan Guaido. Il suffit de regarder la chemise de celui qui conduit la voiture du député Guaido. La thèse colportée par les médias dominants du « selfie innocent » ne tient plus. L’opposition vénézuélienne a bien pactisé avec le gang narco-paramilitaire des Rastrojos pour assurer le passage clandestin de Juan Guaido en Colombie, le 22 février 2019.

Les frasques de l’opposition vénézuélienne avec des organisations criminelles, posent la question des relations persistantes entre la présidence de la Colombie et les cartels narco-paramilitaires. En effet, le maire de la ville colombienne de Puerto Santander, Henry Valero -condamné à 5 ans de prison pour corruption le 1er mars 2019-, et un adjoint à la mairie de Cúcuta, Juan Felipe Corzo, furent chargés d’accueillir Guaido des mains des paramilitaires avant de le remettre aux responsables de la présidence de la Colombie, qui le transfèreront par hélicoptère à Cúcuta. Cependant, il est hautement improbable que l’exécutif colombien n’était pas au courant des conditions de passage de Guaido. Le président Ivan Duque sauve temporairement les apparences en déclarant que Guaido a été amené á l’héliport par des élus municipaux colombiens. Mais cette affaire relance celle de la para-politique en Colombie et les liens entre l’uribisme au pouvoir et les cartels narco-paramilitaires. Cet aspect a été dénoncé avec véhémence par Gustavo Petro, l’ancien candidat malheureux à la dernière élection présidentielle colombienne, et pourtant critique acerbe du président vénézuélien. 
La réalité semblant défier la fiction, les révélations ne s’arrêtent pas là. Le 20 septembre 2019, le gouvernement vénézuélien va rendre publics de nouveaux éléments liés à l’arrestation de alias Nandito, un des paramilitaires qui apparaît sur les photos avec Juan Guaido. Selon Gustavo Petro, il est le responsable d’une ferme utilisée par les paramilitaires pour découper leurs victimes, parfois encore vivantes («Casa de Pique»). Cette ferme est située juste en face de l’endroit où Guaido s’est pris en photo avec ses amis. Voilà le type de personne soutenue par le système politico-médiatique occidental. 


Nandito va se confier devant les caméras des services de renseignement vénézuéliens. Afin d’anticiper la propagande des médias, nous tenons à souligner que Nandito apparaît en bonne santé, ce qui tend à prouver qu’il n’a pas été torturé. En revanche, il n’est pas à exclure que ses déclarations soient un moyen pour lui de se protéger, en sachant que la famille de son acolyte « El Menor » s’est faite exterminée quelques jours plus tôt par de mystérieux tueurs à gage. 
Que nous dit Nandito ? 

Le témoignage de Nandito en vidéo
Tout d’abord, il confirme que le directeur de cabinet de Guaido, Roberto Marrero était en lien direct avec Wilfrido Torres Gómez, alias Necocli, le chef de l’organisation Los Rastrojos, avec qui il a coordonné l’opération d’exfiltration de Guaido. Il apparaît incroyable que les médias français (et les autres) aient pu soutenir sans restriction (ni enquête) un tel personnage. Qu’adviendrait-il si un politicien français était en lien avec la Gomorra, avec Daesh ou avec des trafiquants de drogue albanais pour planifier des opérations politiques ? Comment réagirait notre système politico-médiatique ?
En deuxième lieu, Nandito révèle que la logistique de cette opération a été planifiée localement par la gouverneure d’opposition de l’Etat frontalier du Táchira, Laidy Gómez, et les paramilitaires. La politicienne d’opposition n’en est pas à son coup d’essai. L’ancien gouverneur chaviste du Táchira, José Vielma Mora, avait en 2016 dénoncé les liens de Goméz avec Wilquin Alexander Roa, alias « Cara e niña », membre du cartel narco-paramilitaire El Clan del Golfo


L’assistante du gouverneure Gómez s’est réunie avec « el Brother » et « el Menor », quelques jours auparavant, durant 30 minutes, dans une papeterie du village El Paraiso, afin de planifier la route d’extraction et les opérations de violence politique pour distraire les forces de l’ordre.
Juan Guaido part le 22 février 2019 à la frontière colombienne. Dans l’une des voitures du convoi, se trouve une taupe du gouvernement bolivarien. Un infiltré au sein des services vénézuéliens prévient Necoclí qui, à son tour, averti Marrero. Le convoi s’arrête et pour des raisons de sécurité, il est décidé que Guaido repartira dans une voiture avec pour seuls compagnons de voyage des membres des Rastrojos. 
Après avoir passé la frontière par une piste clandestine, les narco-paramilitaires se prennent en photo avec Guaido. C’est alias Nandito qui prend les fameuses photos. Il les a conservé, selon son témoignage, pour faire chanter Guaido, dans le cas où il deviendrait président, afin que Los Rastrojos puissent avoir libre accès au territoire vénézuélien frontalier. Il est vrai qu’en ce moment, le préfet bolivarien du Táchira, Freddy Bernal, leur mène la vie très dure: arrestations en pagaille ou affrontements armés. 
L’utilisation du cartel narco-paramilitaire colombien par le Gang de Guaido prévoyait aussi une action armée le 23 février 2019. Le jour où l’opposition pensait acheminer l’aide humanitaire, les Rastrojos avaient pour mission de semer le chaos afin de créer une diversion pour faire rentrer les camions par d’autres points frontaliers. La présence de paramilitaires armées sur les ponts frontaliers, ce jour là, avait été dénoncée par le préfet Freddy Bernal. Présent sur les lieux, à San Antonio del Táchira, nous avions pu constater, sous le pont Simon Bolivar, la présence de paramilitaires armés tirant sur les militants chavistes présents. Cette opération fut mise en échec par le peuple bolivarien et les forces de sécurité du Venezuela. 
Les liens entre un des principaux secteurs politiques de l’opposition vénézuélienne et les cartels narco-paramilitaires colombien nous amène à considérer le modèle politique que l’opposition veut implanter au Venezuela. Leur projet n’est pas seulement de rétablir le néolibéralisme dans le pays, mais d’atomiser l’Etat-nation en une multitude de territoires indépendants sous contrôle de groupes armés, d’où les multiples liens avec les paramilitaires. Nous avions précédemment mis en lumière cette stratégie dans une série d’articles écrite plusieurs mois avant ces révélations. 


Pour arriver à leurs fins, le laboratoire des stratèges états-uniens (et subsidiairement vénézuéliens), c’est la Colombie. Pour rappel, depuis la signature des accords de paix dans ce pays, 702 dirigeants sociaux et 135 excombattants des FARC ont été assassinés. En ce moment, la Colombie se prépare à élire les gouvernements régionaux et les maires. Depuis le début de la campagne électorale, la violence politique s’est exacerbée. La Fondation Paz y Reconciliación rapporte l’assassinat de 21 militants, 178 ayant été blessés.
Cette affaire ne s’arrêtera sans doute pas lá. D’une part parce que le lien mis à jour ne concerne pas seulement la frontière colombienne. La paramilitarisation de la vie politique vénézuélienne souhaitée par l’opposition radicale se fait sentir dans plusieurs régions stratégiques du Venezuela. D’autres part, ce type de révélations n’ira qu’en augmentant, au gré des divisions internes des forces de sécurité colombiennes (ceux qui ne veulent pas de guerre contre le Venezuela sont une des principales sources des révélations contre Guaido), ainsi que des légendaires affrontements au sein de l’opposition vénézuélienne (ceux qui veulent la peau de Guaido n’hésitent pas à balancer leur petit camarade). 
Les mercenaires médiatiques qui ont essayé péniblement de minimiser le scandale vont devoir prendre plus de précautions.