Comprendre le blocus contre le Venezuela : le vécu et les faits (2/2)



Deuxième partie : les faits. 
La chronologie qui suit nous permet de répondre à trois questions essentielles pour comprendre le blocus contre le Venezuela : « Qui impose le blocus ? A qui l’imposent-ils ? Et pourquoi ? » (1). 
A la lecture des mesures prises, la réponse à la première question saute aux yeux : ce sont les Etats-Unis, suivit par leurs vassaux latino-américains ou européens. Les faits parlent d’eux-mêmes. Cela se passe de commentaires ou d’interprétations douteuses. 
La réponse à la deuxième question coule aussi de source. Alors que certains commentateurs s’évertuent à relayer les éléments de langage de l’administration étatsunienne faisant croire qu’il ne s’agit que de sanctions ciblées sur des personnes, la lecture de ce document nous amène à une conclusion logique.  C’est bien le Peuple vénézuélien tout entier qui est visé. Ce qui est d’ailleurs explicitement revendiqué par le pouvoir des Etats-Unis
C’est d’ailleurs pourquoi nous ne mentionnons pas les sanctions contre des membres de l’Etat vénézuélien (sauf dans le secteur de l’alimentation). Démarrées en 2008, ces sanctions individuelles touchent aujourd’hui 51 citoyens vénézuéliens.
Quant à la réponse à la dernière question, elle est la conséquence de la deuxième. Il y a d’abord une réponse en termes géopolitiques. Le Venezuela dispose des premières réserves de pétrole au monde, des quatrièmes réserves d’or, son sous-sol regorge de minerais (coltan, thorium, bauxite, fer) et c’est un pays riche en eau douce, en gaz et en diamants. Nous comprenons que cela ouvre l’appétit de certains prédateurs. 
Mais pourquoi donc vouloir affamer et martyriser un Peuple dans son ensemble ? Tout simplement parce que ce Peuple de combattants refuse systématiquement depuis 1998 de voir sa souveraineté piétinée par un empire au service des transnationales. Et ce Peuple à la tête dure a déjà résisté à plusieurs tentatives pour le faire revenir dans le droit chemin des intérêts des dominants. 
Le peuple vénézuélien a non seulement démontré qu’une autre voie était possible face au néolibéralisme, mais il a donné des leçons de résistance à bien d’autres peuples de par le monde. C’est donc lui qui doit désormais payer cet affront. 
Aux opinions politiciennes biaisées, il faut systématiquement opposer les faits. Toutes discussions ou débats sur le pays caribéen doit nécessairement passer par une analyse des mesures de rétorsion contre l’économie du Venezuela. 
Après, seulement après, on peut parler de l’effectivité ou pas des politiques du gouvernement, des options économiques, ou des conséquences sociales de la situation actuelle. 
Voici donc une chronologie sommaire des attaques financières, bancaires et économiques contre la Révolution Bolivarienne. Elle ne prend pas en compte les autres dimensions de la guerre hybride menée contre le Venezuela tels que les fronts diplomatique, militaire, médiatique, juridique ou institutionnel. 
Avant de parler de l’économie, parlons du blocus. 



14 avril 2013 : Nicolas Maduro est élu président de la République Bolivarienne du Venezuela avec 50,61% des voix. Son principal opposant, Henrique Capriles Radonski ne reconnaît pas sa défaite, et appelle ses partisans à prendre la rue. Bilan : 11 chavistes assassinés, 65 blessés. 

12 février 2014 – mai 2014 : L’opposition tente de renverser le président par la force. Bilan : 42 morts. 850 blessés. Face à l’échec de ce coup d’Etat et considérant les déroutes électorales, une stratégie économique et financière va être mise en place pour étrangler la population du Venezuela et la retourner contre le gouvernement de la Révolution Bolivarienne.  

Décembre 2014: Le Congrès des Etats-Unis approuve la loi 113-278 intitulée « Loi publique de défense des droits de l’Homme et de la Société Civile au Venezuela ». Cet instrument juridique dicte la ligne d’action politique du gouvernement des Etats-Unis et de ses vassales contre le Venezuela. La loi 113-278 établit la possibilité de prendre des mesures unilatérales coercitives contre le Venezuela dans les domaines économiques, financiers et commerciales. De plus, elle stipule de « travailler » dans ce sens avec ses partenaires membres de l’Organisation des Etats Américains (OEA) et de l’Union Européenne.


Janvier 2015: L’agence étatsunienne d’évaluation des risques Moody’s dégrade le risque pays du Venezuela au niveau CCC; cette note place les bons vénézuéliens et de l’entreprise pétrolière PDVSA au bord du défaut de paiement dans une manoeuvre visant ainsi à compromettre la réputation financière internationale du pays.

Février 2015: L’agence d’évaluation Standard and Poor’s abaisse la note du risque de la dette vénézuélienne et de PDVSA à CC; cette note particulièrement négative a pour conséquence de restreindre l’accès du Venezuela aux financements internationaux.

Mars 2015: Les trois principales agences de notation du risque, Standard and Poor’s, Fitch Rating et Moody’s, lancent des alertes sur un prétendu défaut de paiement du Venezuela, ce qui ne manquerait pas d’entraîner de graves difficultés économiques.

08/03/2015 : Le président des Etats-Unis, Barack Obama, signe l’Ordre exécutif 13692 (le « décret Obama »). Ce dernier se base sur la Loi des Pouvoirs Economiques en situation d’Urgence Nationale, sur la loi d’Urgence Nationale et sur la Loi 113-278 pour déclarer le Venezuela « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis ». Ce décret va permettre l’élaboration légale des attaques économiques que subit le Venezuela depuis cette date. 


Juin 2015: La COFACE, entité financière française, reprend les notes de Standard and Poor’s, Fitch Rating et Moody’s, qualifie le risque-pays du Venezuela comme le plus élevé d’Amérique latine et le compare à celui de pays africains actuellement en guerre, dans le but de tarir les sources d’investissements au Venezuela.

28/10/2015 : Le général John Kelly, alors Commandant de l’United States Southern Command (SouthCom), déclare que les Etats-Unis interviendront au Venezuela en cas de crise humanitaire dans ce pays. 



Avril 2016 : Le blocus financier commence. A partir de cette date, les institutions vénézuéliennes titulaires de compte bancaires à l’étranger se voient stipuler des restrictions pour la réalisation de paiement en dollars. 


Avril 2016 (bis): Dans un rapport, le FMI sonne l’alerte sur la “catastrophe économique” au Venezuela, générant ainsi des perspectives d’effondrement, d’inflation et de pénuries qui légitiment les actions de guerre économiques menées par Fedecamaras (MEDEF vénézuélien) et Consecomercio.

Mai 2016: L’Assemblée Nationale (en insubordination), majoritairement aux mains de l’opposition, vote une loi qui annule tous les contrats pétroliers, les investissements internationaux et l’émission de dette; ce faisant, elle prétend assécher toute injection d’argent frais dans l’économie du pays.

Mai 2016 (bis): La Banque Commerzbank (Allemagne) ferme les comptes de plusieurs institutions vénézuéliennes dont ceux des banques publiques vénézuéliennes et ceux de Pdvsa, l’entreprise pétrolière. 


Juillet 2016 : La banque étatsunienne Citibank interdit á son réseau d’intermédiaires bancaires du Wolfsberg Group (un conglomérat qui regroupe des banques internationales d’envergure telles que Banco Santander, Crédit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs et JP Morgan Chase) d’opérer des transactions avec les institutions vénézuéliennes, dont la Banque Centrale du Venezuela. 


Juillet 2016 (Bis): L’indice du risque pays EMBI, créé par la banque JP Morgan, situe le Venezuela avec le plus haut risque du monde (2640 points), très supérieur à celui de pays en guerre comme par exemple l’Ukraine. Mais JP Morgan a omis d’intégrer le fait qu’en 2016 l’Etat vénézuélien a pu rembourser 6 milliards de dollars de sa dette externe; la banque fait ainsi de la variable du risque-pays sans étayage économique, une arme purement politique.

Août 2016 : La fermeture unilatérale des comptes d’intermédiaires bancaires oblige le Venezuela à opérer à partir d’autres monnaies alors que la plupart des devises obtenues par la vente de Pétrole sont en dollars. Le pays subit de grosses pertes dues aux nouveaux coûts de transaction, de change et des coûts opératifs. 

Août 2016 (bis) : La Banque Novo Banco (Portugal) informe l’Etat vénézuélien qu’elle ne réalisera plus d’opération en dollars avec des banques ou des institutions vénézuéliennes, á cause de la pression exercée par ses intermédiaires bancaires.


Août 2016 (ter):  L’Assemblée Nationale (en insubordination), dominée majoritairement par l’opposition, déclare que l’octroi d’un crédit de 482,5 millions de dollars au Venezuela par le Fonds Latino Américain de Réserves est illégal.


Septembre 2016: PDVSA lance une offre d’échange (7,1 milliards de dollars en bons) afin de l’aider à alléger ses paiements. Face à cela les trois grandes agences étatsuniennes d’évaluations des risques ont cherché à effrayer les éventuels investisseurs en les menaçant de déclarer une défaillance s’ils répondaient à l’appel de l’entreprise pétrolière.

Novembre 2016: La banque JP Morgan lance une fausse alerte relative à un prétendu impayé de 404 millions de dollars de la dette par PDVSA. Le but est de susciter la crainte dans les milieux financiers et de porter préjudice à l’entreprise nationale pétrolière.

Novembre 2016 (bis): L’entreprise pétrolière étatsunienne, ConocoPhilips, intente un procès à PDVSA devant une cour de l’état du Delaware au motif de l’échange de bons. En allant sur le terrain de la Justice, le but recherché est d’effrayer les participants et au bout du compte de faire échouer l’opération.

Décembre 2016: L’entreprise Crane Currency, fournisseuse des billets de monnaie au Département étatsunien du Trésor et engagée par le Venezuela pour imprimer les espèces monétaires vénézuéliennes retarde l’envoi des nouveaux billets afin de créer inquiétude et chaos dans la population.

Janvier 2017: Le fonds d’investissement Adar Capital Partners, dont le siège est aux îles Caïman, soutient que le Venezuela ne sera pas en défaut en 2017, ce qui contredit les messages des trois grandes agences d’évaluation des risques sur l’imminence de la crise de la dette vénézuélienne.

Avril 2017: Depuis la présidence de l’Assemblée Nationale (en insubordination), Julio Borges, demande à plus de 20 banques internationales de cesser tout lien économique et financier avec le Venezuela, transformant le parlement un instrument de légitimation du blocus financier.

Mai 2017. La banque étatsunienne Goldman Sachs achète pour 865 millions de dollars de bons PDVSA, opération déclarée “nulle et non avenue” par l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Julio Borges, et que l’opposition majoritaire dans cette assemblée persiste à refuser car elle contrevient aux exigences qu’elle avait émises en avril.

Mai 2017. Julio Borges se réunit avec le conseiller en sécurité nationale de la Maison Blanche du moment, le général H. R. McMaster, afin de coordonner des sanctions financières et économiques contre le Venezuela.


Juillet 2017 : L’entreprise PNC Delaware Trust Company (qui gère des portefeuilles de titres de Pdvsa) informe Pdvsa que sa banque intermédiaire (PNC Bank) n’acceptera plus de fonds de l’entreprise pétrolière. 

Juillet 2017 (bis) : La banque étatsunienne Citybank refuse de recevoir un paiement de l’Etat vénézuélien destiné à l’achat de 300.000 doses d’insuline. 

21/08/2017 : La Bank Of China basé au Panama informe le Venezuela, que suite à des pressions reçues de la part du Département du Trésor des USA ainsi que du gouvernement du Panama, elle ne réalisera plus aucune transaction en dollars de ou à destination du Venezuela. 

22/08/2017 : Plusieurs banques russes informe le Venezuela de l’impossibilité de réaliser des transactions avec des banques vénézuéliennes en raison de la restriction imposée par les banques intermédiaires des Etats-Unis et de plusieurs pays européens. 

23/08/2017 : La banque intermédiaire de l’institution bancaire BDC Shandong stoppe une transaction de la Chine vers le Venezuela d’un montant de 200 millions de dollars. Il faudra plus d’un mois pour que le Venezuela puisse récupérer cette somme d’argent. 

24/08/2017 : Donald Trump signe l’ordre exécutif 13808 intitulé « Imposition de sanctions additionnelles à propos de la situation au Venezuela ». Ce décret interdit toute une série de transactions avec l’Etat vénézuélien, et notamment avec Pdvsa, et tout autres entités détenues par l’Etat vénézuélien. Est établie une liste de restriction aux opérations financières :
  •   L’Etat vénézuélien et Pdvsa sont interdits d’émettre de nouveaux titres de leur dette 
  •    Interdiction de réaliser des transactions sur les titres émis par le gouvernement avant l’entrée en vigueur de ce décret.
  •  Le versement de dividendes ou de bénéfices au gouvernement du Venezuela de la part d’entités résidant aux USA est interdit. Cela affecte avant tout Citgo, entreprise appartenant à Pdvsa, et qui compte 3 raffineries et 6000 stations d’essence sur le territoire des Etats-Unis.
  •   L’achat de certains bons du trésor vénézuélien et de la dette vénézuélienne est interdit. 


La maison blanche déclare que cet ensemble d’interdiction a « été soigneusement pensé pour refuser à la dictature de Maduro une source non négligeable de financement »

Le décret 13808 vise à systématiser les attaques contre les entreprises publiques et les opérations commerciales et financières de l’Etat vénézuélien afin de déstructurer l’économie du pays. A ce sujet, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Venezuela et en Colombie, Wiliam Brownfield a déclaré : « La meilleure résolution est de précipiter l’effondrement du gouvernement vénézuélien même si cela implique des mois et des années de souffrance pour les vénézuéliens». 

Août 2017 : Suite à des pressions du Département du Trésor des Etats-Unis, l’entreprise Euroclear, une filiale de la banque américaine JP Morgan, congèle les opérations de transaction sur la dette souveraine du Venezuela. Euroclear retient ainsi,  depuis lors, 1 milliard 200 millions de dollars appartenant á la République Bolivarienne du Venezuela. 

Août 2017 (bis):La Bank of China de Francfort refuse d’émettre une transaction de 15 millions de dollars, due par le Venezuela à l’entreprise minière Gold Reserve.  


Août 2017 (ter): La banque helvète Crédit Suisse interdit à ses clients de procéder à des opérations financières avec le Venezuela



Août 2017 (quater): Les Etats-Unis entreprennent un embargo pétrolier non-avoué; les banques privées étatsuniennes, sous la pression du Département du Trésor, refusent d’ouvrir des lignes de crédit pour l’achat de pétrole brut vénézuélien, affectant ainsi l’apport de finances au pays. L’entreprise PBF Energy, une des raffineries qui avait un important volume de transactions avec le Venezuela, s’est vue contrainte d’abandonner ses relations économiques bilatérales sous la menace de sanctions.

05/09/2017 : Le Canada et les Etats-Unis s’associent pour « adopter des mesures économiques contre le Venezuela et contre les personnes qui contribuent activement à la situation actuelle dans le pays ».


Septembre 2017: Suite aux sanctions de l’administration Trump du mois d’août, Citgo, la filiale étatsunienne de PDVSA, commence à avoir des difficultés pour amener du brut dans ses raffineries et pour stabiliser ses opérations. Ce ne sont pas moins de 2,5 milliards de dollars que Citgo a fait entrer au Venezuela depuis 2015, et le blocus financier compromet désormais cet apport.

Octobre 2017 : La Deutsche Bank informe la banque chinoise Citic Bank de la fermeture de ses comptes chez ses intermédiaires bancaires pour avoir accepté des paiements de Pdvsa. 

Octobre 2017 (bis): Le Venezuela achète des vaccins et des médicaments á l’Organisation Panaméricaine de la Santé, filiale de l’Organisation Mondiale de la Santé, et donc sous l’égide de l’ONU. 
En vertu de l’extraterritorialité des lois états-uniennes, la banque suisse UBS rejettera le paiement, provoquant un retard de 4 mois dans la livraison des vaccins et déstructurant complètement le système public de vaccination gratuite du ministère de la santé vénézuélien.

03/11/2017 : Le président Maduro annonce que le Venezuela a remboursé plus de 74 milliards de dollars à ses créanciers sur les quatre dernières années. Malgré cela, les agences de notations font augmenter le risque-pays du Venezuela, rendant plus difficile l’obtention de crédits sur les marchés financiers. Le comité des Amériques de l’Association Internationale des Swaps et Dérivés (ISDA, pour les sigles en anglais) déclare le Venezuela en défaut de paiement, malgré les remboursements. Par cette manoeuvre on essaie d’entrouvrir la porte à une confiscation des biens et avoirs se PDVSA.


Malgré la volonté vénézuélienne d’honorer ses engagements internationaux en assurant depuis 3 ans maintenant le remboursement des échéances de dette en temps et en heure, la banque JP Morgan augmente à nouveau le risque pays du Venezuela, qui passe ainsi à 2989 points, le chiffre le plus haut depuis 2014 où il se situait à 1458 points.

09/11/2017 : Les Etats-Unis sanctionnent un groupe de fonctionnaires vénézuéliens au motif de « piétiner la démocratie et administrer les programmes gouvernementaux corrompus de distribution d’aliments ». Les fonctionnaires responsables de l’importation d’aliments dans le pays ne peuvent plus signer d’accord commerciaux favorisant la politique alimentaire du gouvernement. 

13/11/2017 : L’Union européenne interdit la vente de matériel de défense ou de sécurité intérieure au Venezuela. 

14/11/2017 : L’agence de notation Standard and Poor’s déclare un « défaut partielle » du Venezuela malgré les paiements réguliers de la dette par le Venezuela. 

15/11/2017 : La Deutsche Bank, principal intermédiaire de la Banque Centrale du Venezuela ferme définitivement les comptes de cette institution, mettant en danger toutes ses opérations bancaires. 

Novembre 2017 : Le Venezuela achète des médicaments anti-malaria (primaquine et cloroquine) au laboratoire colombien BSN Medical. Le gouvernement de Colombie empêche la livraison sans aucune justification. 

Novembre 2017 (bis): Les transnationales pharmaceutiques Baster, Abbot, et Pfizer refusent d’émettre des certificats d’exportation à destination du Venezuela, rendant impossible l’achat de médicaments produits par ces entreprises, notamment dans le domaine oncologique.

Novembre 2017 (ter): Les banques intermédiaires refusent plusieurs transactions du Venezuela à hauteur de 39 millions de dollars. Cette somme était destinée à 23 opérations d’achats alimentaires pour les fêtes de fin d’année. 

Novembre 2017 (quater): L’agence d’évaluation des risques Standard and Poor’s déclare le Venezuela en “défaillance sélective”: le pays n’ayant pas pu honorer un remboursement en raison des limitations imposées par le système financier étatsunien aux transactions financières vénézuéliennes. 

Novembre 2017 (quinquies): Le gestionnaire étatsunien de bons Wilminton Trust accuse l’entreprise électrique d’état, Corpoelec, de ne pas avoir honoré le paiement des intérêts de la dette à hauteur de 27 millions de dollars, et ce au moment même où le pays doit affronter un blocage total des moyens de paiement dans le système financier étatsunien.

Décembre 2017: Aux mois de novembre et décembre, le Ministère vénézuélien des transports a constaté que 471 000 pneus achetés à l’étranger n’ont pas pu être expédiés en raison du blocus financier.

29/01/2018 : Le département du Trésor des Etats-Unis affirme « la campagne de pression contre le Venezuela porte ses fruits. Les sanctions financières que nous avons imposé ont obligé le gouvernement de ce pays à commencer à entrer en défaut de paiement, tant pour sa dette souveraine comme pour celle de Pdvsa. Et nous pouvons assister (…) à un effondrement économique total du Venezuela. Donc notre politique fonctionne, notre stratégie fonctionne et nous la maintiendrons. » 


Janvier 2018: A quelques mois à peine du lancement de la crypto-monnaie vénézuélienne, le Petro, l’Assemblée Nationale (en insubordination) dominée par l’opposition signe un accord qui criminalise cette initiative et déclare sa nullité, confirmant ainsi sa volonté et son intérêt de tarir les sources de financement du pays.


Janvier 2018 (bis): 11 bons vénézuéliens et de PDVSA, d’un montant de 1,241 milliards de dollars, n’ont pu être payés en raison des sanctions financières.

12/02/2018 : Le département du Trésor des Etats-Unis élargit les sanctions financières contre le Venezuela et les entreprises vénézuéliennes. La renégociation et la restructuration de la dette vénézuélienne et de celle de Pdvsa émises avant le 25 aout 2017 sont interdites. 

Mars 2018 : 15 boxeurs vénézuéliens n’ont pas pu participer aux qualifications pour les Jeux d’Amérique Centrale et des Caraïbes 2018 parce qu’ils n’ont pas pu arriver à un accord avec les agences qui ont mis diverses limites parmi lesquelles le prix du billet qui est passé de 300 à 2 100 dollars par personne quand l’entreprise a appris qu’il s’agissait du transport de la Fédération Vénézuélienne de Boxe. 
Lorsque, ensuite, une compagnie privée a proposé un vol charter pour transporter l’équipe, la Colombie et le Panamá n’ont pas autorisé le survol de leurs espaces aériens et le Mexique a fait la même chose.

02/03/2018 : Les Etats-Unis renouvellent, pour un an, les décrets 13692 (Obama) et 13808 (Trump). Le décret 13808 impose six nouvelles mesures coercitives pour attaquer la stabilité financière du Venezuela. Le Bureau des Crimes Financiers des Etats-Unis (FinCEN) alerte les institutions financières mondiales que les transactions avec des entités publiques vénézuéliennes sont suspectées de corruption. Cette accusation sans fondement ni preuve a pour conséquence de freiner le paiement à des entreprises d’alimentation et à des laboratoires pharmaceutiques, rendant difficile l’importation de ces biens. De même, cela aura pour conséquence le gel d’1 milliard 650 millions de dollars appartenant à l’Etat vénézuélien. 

19/03/2018 : Le président Trump signe l’ordre exécutif 13827 qui interdit à tout citoyens et institutions d’effectuer des transactions financières avec la cryptomonnaie vénézuélienne « Petro » avant même que celle-ci puisse se négocier sur les marchés de cryptomonnaie. Cette décision est la première du genre dans la courte histoire des cryptomonnaies. 

27/03/2018 : Le gouvernement du Panama publie une liste de seize entreprises vénézuéliennes suspectées sans preuve de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. 

28/03/2018 : Le Conseil fédéral de la Confédération suisse ordonne des sanctions, très similaires à celles des États-Unis et de l’Union Européenne, contre le Venezuela, rompant ainsi avec sa tradition de neutralité.


19/04/2018 : Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor des USA se réunit avec des représentants d’Allemagne, d’Argentine, du Brésil, du Canada, de Colombie, d’Espagne, de France, du Guatemala, d’Italie, du Japon, du Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou, et du Royaume Uni pour leur demander des « actions concrètes afin de restreindre la capacité des fonctionnaires vénézuéliens corrompus et de leurs réseaux de soutien ». Il affirmera que le Président Nicolas Maduro ne possède aucune légitimité pour demander des crédits au nom de son pays. L’objectif est d’assécher financièrement le Venezuela. 


Avril 2018: Les Etats-Unis et la Colombie créent un groupe d’intelligence financière en vue de bloquer l’importation d’aliments et de médicaments: ceci confirme que l’on est entré dans la phase d’internationalisation de l’asphyxie financière promu par le décret exécutif du 25 août 2017.

Mai 2018 : 9 millions de dollars de l’Etat vénézuélien sont congelés. Ils étaient destinés au traitement de la dialyse. 20.000 patients en seront privés. 

Mai 2018 (bis) : La banque italienne Intensa Sanpaolo bloque l’argent destiné à la mise en place du pavillon du Venezuela à la XVI° Biennale d’Architecture de Venise.

Mai 2018 (ter): Sollicitant l’arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale, pour la résolution d’un litige estimé à 2,40 milliards de dollars, l’entreprise pétrolière ConocoPhilips entreprend le blocage d’une série de biens et d’avoirs de PDVSA; cette manoeuvre fragilise l’entreprise d’état vénézuélienne quant à ses positions internationales et affaiblit d’autant les rentrées d’argent dues à la vente de brut.

Mai 2018 (quater): Parallèlement à l’embargo engagé illégalement par ConocoPhilips, l’entreprise minière canadienne Rusoro dépose plainte pour chercher à se faire payer en actifs de Citgo et se PDVSA la somme de 1,20 milliards de dollars qu’elle s’était vu octroyer après un arbitrage.

Mai 2018 (quinquies)L’entreprise de sous-traitance canadienne SNC-Lavalin intente une procédure à l’encontre de PDVSA auprès d’un tribunal de New-York, pour un prétendu nonpaiement de dette d’un montant de 25 millions de dollars. C’est la première demande officielle de défaillance contre le Venezuela; preuve s’il en est que le grand capital global ne recule devant rien pour bloquer le pays, l’affaiblir et s’emparer de force de ses ressources.

Mai 2018 (sexies)Le gouvernement colombien bloque 400 000 kilos d’aliments destinés à renforcer le programme CLAP (qui permet à plus de 6 millions de familles réparties sur le territoire national de s’alimenter).

21/05/2018 : En raison de la réélection de Nicolas Maduro à la présidence, Donald Trump renforce les sanctions. Il sera désormais interdit à tous citoyens et entreprises des Etats-Unis d’acquérir des propriétés appartenant au gouvernement du Venezuela sur le territoire des Etats-Unis. 

25/06/2018 : Le Conseil européen adopte la décision 2018/901 sanctionnant des membres de l’administration vénézuélienne dont ceux opérant dans le secteur de l’alimentation. Cette mesure fait écho à celle prise un an plus tôt par les Etats-Unis (le 9 novembre 2017) afin de rendre impossible l’achat d’aliments par le gouvernement vénézuélien. 


Juillet 2018: L’OFAC, bureau du Département du Trésor étatsunien, fait une exception avec le petrobon PDVSA 2020: des transactions financières liées à cet instrument financier pourront être réalisées. C’est le seul dont la garantie comprend 50% des actions de la CITGO Petroleum Corporation, filiale de PDVSA aux Etats-Unis. La dérogation à la sanction sur ce bon consiste en ce que ses détenteurs pourront réclamer la garantie au cas ou PDVSA serait en défaut de paiement.


Août 2018: Le gouvernement de la République fédérative du Brésil admet qu’en raison du blocus économique mis en place par les Etats-Unis et l’Union Européenne contre le Venezuela, il n’a pas pu honorer la dette de 40 millions de dollars qu’il a contractée envers la Corporación Eléctrica Nacional (Corpoelec) qui fournit en électricité l’état brésilien limitrophe de Roraima.

01/11/2018 : Le président Trump signe un nouveau décret autorisant le Département du Trésor à confisquer des propriétés à des opérateurs du secteur aurifère au Venezuela, sans que des accusations pénales ou civiles soient nécessaires. Le but recherché est d’empêcher la récupération par l’Etat vénézuélien du bassin minier de l’Orénoque, 4eréserve d’or au monde. 
Le Secrétaire adjoint du Trésor des Etats Unis, Marshall Billingslea dans un cynisme absolu, déclarera à ce sujet : « Nous devrions manifester plus d’indignation face aux dommages infligés à l’environnement et aux populations indigènes ». 

09/11/2018: La Banque Centrale du Royaume Uni refuse de restituer au Venezuela 14 tonnes d’or appartenant à ce pays. Il s’agit ni plus ni moins d’une spoliation d’une valeur de 550 millions de dollars. 


13/12/2018: L’entreprise étasunienne de fabrication de pneus Goodyear ferme les portes de son usine au Venezuela. Motif invoqué par la direction de cette entreprise privée: « les sanctions des Etats-Unis qui rendent la poursuite de l’activité impossible ».  

04/01/2019: Les gouvernements du groupe de Lima  à l’exception notable du Mexique (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Guyana, Honduras, Panama, Paraguay, Pérou et Sainte Lucie) adoptent une résolution pour renforcer le blocus. Le texte adopté prévoit d’établir des listes de personnalités juridiques avec lesquels ces pays « ne devront pas travailler, devront empêcher l’accès à leur système financier, et si nécessaire congeler leurs actifs et ressources économiques ». De même, la résolution oblige les pays membres du groupe de Lima à travailler auprès des organismes financiers internationaux auxquels ils appartiennent pour empêcher l’octroi de nouveaux crédits á la République Bolivarienne du Venezuela.

Voilà, maintenant on peut parler du Venezuela et confronter les points de vue. 
Actualisé en janvier 2019 avec la collaboration de Misión Verdad. Actualisation mensuelle. 







Note :
(1) J’emprunte ces questions pour leur grande pertinence à Carlos Mendez Tovar, écrivain vénézuélien, interviewé par Viktor Dedaj au sujet du blocus contre….Cuba. 
Voir Viktor Dedaj, « Sin Embargo – Paroles cubaines contre le blocus », LeGrandSoir, disponible sur https://www.legrandsoir.info/IMG/pdf/sin_embargo_paroles_cubaines_viktor_dedaj.pdf